Évaluation du pneu Firestone WeatherGrip
Un véritable quatre saisons?
L’arrivée depuis plusieurs années de pneus quatre saisons nous portait à croire qu’un seul jeu de pneus pouvait suffire pour affronter toutes les conditions météorologiques que vit le Québec. Cette illusion fut d’une certaine durée puisque la nécessité de chausser de bons pneus d’hiver nous a tous rattrapés assez rapidement. Le Québec exige maintenant que tous les véhicules immatriculés sur son territoire soient équipés de pneus d’hiver homologués de décembre à mars. Voilà que Firestone et certains autres manufacturiers nous proposent des pneus quatre saison homologués pour l’hiver. Trop beau pour être vrai?
Les plus et les moins
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Essai-auto a aimé :
- Cote d’usure impressionnante
- Silence et douceur de roulement assurés
- Affronte bien la poudreuse
- Efficace sur la neige durcie
- Un bon pneu d’hiver, pas parmi les meilleurs mais efficace au quotidien
Essai-auto a moins aimé :
- Pas à la hauteur d’un pneu d’hiver de haut de gamme sur la glace
- Devient très ferme par très grands froids
- Lâche prise assez rapidement sur le sec
- Pourrait faire mieux dans la neige fondue
- Freinages trop longs sous la pluie
Conception
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Firestone ne promet pas de rivaliser avec les meilleurs pneus d’hiver mais propose une alternative économique qui se résume à utiliser qu’un seul jeu de pneus à l’année durant dans des zones climatiques dites modérées. Donc pas pour la Côte-nord ni l’Abitibi-Témiscamingue mais acceptable en zones urbaines du sud de la province.
À première vue la semelle du WeatherGrip ressemble beaucoup plus à celle d’un pneu d’hiver qu`à un pneu quatre saisons courant non homologué pour l’hiver. Firestone utilise une gomme souple à dessin unidirectionnel dotée de sa technologie Hydro-Grip pour assurer une meilleure résistance à l’aquaplanage et les blocs des parois extérieures de la semelle aident lors de freinages appuyés. Les canaux d’évacuation du centre de la semelle servent à bien évacuer l’eau et les multiples lamelles latérales entrent en jeu pour bien camper le pneu sur des surfaces enneigées et glacées. Le WeatherGrip n'invente rien mais utilise les dernières avancées pour concocter un pneu qui devrait suffire à un grand nombre d’utilisateurs.
Evaluation hivernale
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D’entrée de jeu l’idée d’affronter l’hiver avec un jeu de pneus quatre saisons, aussi homologués hiver fussent- ils ne me faisait pas trépigner de joie. Changements climatiques et cocktails météo annoncés nous promettaient une saison difficile et un réseau routier malmené. Les mois de novembre, décembre et les premières semaines de janvier bien que loin d’être apocalyptiques auront eu le mérite de nous offrir plusieurs conditions météorologiques pour bien jauger ce nouveau Firestone WeatherGrip. Alors qu’en est-il au juste de ce pneu quatre saisons théoriquement capable d’affronter un hiver du sud du Québec?
Lors d’un essai ou de l’évaluation d’un pneu il faut départir les qualités intrinsèques de la voiture, de ses aides à la conduite et du pneu en question. L’évaluation des performances du WeatherGrip de Firestone qui suit a été faite sur un jeu de pneus monté sur une BMW 330i Xdrive sans aucune aide à la conduite activée lors des essais afin de départager le talent de la voiture à celui des pneus. Pour l’évaluation au quotidien nous avons utilisé la voiture en mode normal ou en mode sport avec toute la panoplie de systèmes de sécurité active et passive activés.
Alors procédons en ordre chronologique en débutant à la mi-novembre lors de conditions météorologiques normales avec des températures majoritairement au-dessus du point de congélation le jour. Dans ces circonstances le WeatherGrip exhibe un comportement très neutre en conduite normale et son silence de roulement est appréciable. Sa construction aux flancs souples aide grandement à son confort sur des surface moins qu’optimales. Bref un pneu silencieux, confortable et bien adapté à ce type de conditions. Le WeatherGrip n’a aucune prétention sportive et ses performances sur le sec sont plutôt ordinaires. Le pneu lâche prise assez tôt en virage appuyé et sa construction souple rend la direction vague. Début décembre nous a apporté une bordée de belle poudreuse qui nous a permis de constater que le WeatherGrip adore ce genre de surface. Stable en virage, franc en accélération et plutôt performant en freinage, le pneu est tout-à-fait à la hauteur dans de telles conditions. Quelques jours plus tard le verglas et la neige fondue ont fait leur apparition et notre Firestone a peiné à gérer la glace où ses distances de freinage se sont dramatiquement allongées. La neige fondue, notre célèbre slush, a plutôt décontenancé le pneu à tel point qu’il fallait à tout prix activer le contrôle de la stabilité pour affronter la moindre pente. Avec le couvre-feu du 30 décembre et les sombres journées du début de janvier sont apparus les premiers grands froids de l’hiver. À l’écriture de ce texte le mercure affiche un -30C bien senti depuis plus de deux jours. À ces températures le Firestone devient beaucoup plus rigide et sa semelle moins efficace à générer quelque traction que ce soit. Les distances de freinage sur surfaces à moins 30C font intervenir l’ABS à la moindre sollicitation mais les accélérations sont toujours bien senties. Il faut être prudent en virage puisque les flancs ayant perdu leur souplesse les dérapages sont plus fréquents et nuisent au confort en roulant un peu « carré » lors des premier kilomètres parcourus.
Évaluation estivale
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Nous poursuivons notre évaluation du Firestone WeatherGrip au cours des mois de mars avril et mai afin de bien cerner les qualités et les défauts d’un pneu quatre saisons homologué pour l’hiver. La semelle du WeatherGrip ressemblant plus à celle d’un pneu d’hiver qu’à un pneu typiquement quatre saisons nous faisait croire que le pneu serait moins efficace et moins résistant lorsque le mercure monte et que la chaussée devient chaude. Les pluies printanières ont amené un premier constat soit que les distances de freinage augmentent sensiblement et tout comme sur la gadoue, le pneu résiste mal dans ces éléments. La tenue en virage appuyé sur une surface détrempée ne cause pas problème à moins de vraiment forcer la note mais les distances de freinages sont trop longues et l’ABS doit intervenir rapidement. Sur le sec le pneu tient mieux et demeure stable en virage.
Le mois de mai nous a servi de belles journées ensoleillées mais une canicule hâtive. Le WeatherGrip n’aime pas la chaleur et sous un soleil de plomb et des températures de plus de 31C le pneu glisse en virage au point d’en perdre sa contenance. Le moindre virage appuyé provoque des dérobades de survirage et de sous-virage. Dans ces chaleurs les distances de freinage rallongent et encore l’ABS travaille fort pour garder la voiture sur sa trajectoire.
L’usure constatée sur 8,000km novembre à la fin mai semble raisonnable la semelle n’ayant perdu 1/32e de pouce affichant un solide 9/32e comparativement aux 10/32e à l’état neuf.
Conclusion
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On peut donc affirmer que le WeatherGrip de Firestone a réussi à affronter les conditions météorologiques associées à nos automnes et hivers québécois, du moins au sud du Québec, de façon acceptable. Pas à la hauteur de pneus d’hiver de haut de gamme lors de températures extrêmes mais pas loin derrière dans la plupart des autres circonstances. Par températures plus clémentes le WeatherGrip performe moins bien qu’un pneu quatre saison de haut de gamme mais tire généralement bien son épingle du jeu. Il faudra surveiller son usure et s’assurer d’avoir au moins 5/32e de pouce de profondeur de semelle avant d’affronter l’hiver. Notre essai de six mois nous permet d’estimer que le Firestone pourra affronter au minimum trois années complètes en tenant la limite de kilométrage sous les 20 000km par année.
Mots-clés: pneu hiver, 4 saisons